Le parasitisme interne de caprins et ovins
Les strongles gastro-intestinaux des petits ruminants
Les strongles gastro-intestinaux sont les parasites les plus répandus et les plus problèmatiques chez les petits-ruminants.
Dotés d'un cycle assez simple, sans hôte intermédiaire, ils infestent systématiquement les animaux au pâturage.
L'immunité que peuvent développer les animaux contre ces parasites est fondamentale pour que les troupeaux vivent en équilibre avec leurs parasites. Cela explique que les jeunes en première année de pâturage soit les animaux les plus sensibles. L'immunité acquise par les chèvres est moindre que celle des brebis.
La prévention des strongyloses gastro-intestinales passe par des calendriers de pâturage adaptés et des traitements sélectifs sur certains animaux à certains moments de l'année en fonction des niveaux d'infestation.
Connaître
Un cycle simple
Les strongles gastro-intestinaux sont de minuscules vers ronds, visibles à l'oeil nu et qui colonisent la caillette, l'intestin grêle ou le gros intestin des ruminants. Ils possèdent un cycle simple: les adultes, présents dans le tube digestif, pondent des oeufs qui, une fois sur le sol, donnent naissance à des larves. Celles-ci se métamorphosent deux fois et donnent des larves L3 infestantes. La brebis ou la chèvre avale L3 en broutant l'herbe. Une fois dans le tube digestif, L3 pénètre dans la muqueuse, se métamorphose encore deux fois pour donner à la fin un nouvel adulte qui sort de la muqueuse. Dans de bonnes conditions (chaleur et humidité), il faut environ trois semaines pour boucler le cycle. Dans le milieu extérieur, les larves sont capables de résister plusieurs mois, même si nombre d'entre elles sont détruites par les rayon UV l'été et par le froid l'hiver. A l'automne, un certain nombre de larves, présentes dans la muqueuse du tube digestif arrêtent leur développement qui reprendra au printemps. Ce phénomène explique que l'on peut observer des signes de parasitisme au printemps avant même la mise à l'herbe.
Des parasites différents
Certains strongles sont localisés dans la caillette: il s'agit notamment d'Haemonchus contortus. C'est un parasite hématophage, c'est-a-dire qu'il se nourrit de sang. Avec ses crochets, il incise la muqueuse de la caillette et consomme une partie du sang qui s'échappe de la plaie. On considère qu'un seul haemonchus entraîne la perte de 2 ml de sang par jour ! Haemonchus est responsable d'anémies sévères chez les petits ruminants avec parfois des mortalités brutales sans symptôme annonciateur. Teladorsagia est un autre parasite de la caillette mais qui n'est pas hématophage. Il est responsable d'amaigrissement et de baisse de production. Trichuris est présent dans le caecum et peut provoquer des diarrhées, parfois sévères. Il existe bien d'autres espèces de strongles gastro-intestinaux.
Une affection de pâturage
A une exception près, c'est au pâturage que les animaux s'infestent. Au printemps, quand il fait suffisamment chaud et encore humide les conditions sont très favorables pour les parasites. Les jeunes animaux s'infestent fortement et on peut voir apparaître les premiers symptômes à partir du mois de juin. Durant les mois de juillet et août, la sécheresse et l'herbe rase rendent les conditions de survie des larves plus précaires, hormis pour Haemonchus qui est un parasite adapté aux milieux chauds. L'automne, particulièrement s'il est doux et pluvieux favorise une reprise du cycle parasitaire.
A chacun ses parasites
Toutes les espèces herbivores ont des strongles gastro-intestinaux mais ceux-ci sont spécifiques. C'est-à-dire que les brebis et les chèvres ne sont pas infestées par les strongles des bovins ou ceux des chevaux. Et vice-versa. Cela a pour conséquence que le pâturage mixte (association ovins-bovins par exemple, ensemble ou successivement) diminue la quantité de larves infestantes.
Diagnostiquer
Les symptômes du parasitisme liés aux strongles gastro-intestinaux peuvent être très variables : baisse de production. mauvais état général, poil piqué, laine cassante, maigreur sans relation avec l’alimentation. Diarrhées chroniques ou parfois diarrhées graves (notamment caprins). Le parasitisme apparaît pendant la saison de pâturage même si ces symptômes peuvent se manifester après la rentrée en bergerie, notamment à l’occasion de la mise-bas. Dans un troupeau, le niveau d’infestation est très variable et les animaux les plus touchés sont en général les jeunes (agneaux sous la mère, agnelles et chevrettes) ainsi que les plus grosses laitières. La coproscopie (examen des fèces) est un élément important du diagnostic.
A l'autopsie, on peut observer les Haemonchus adultes dans la caillette. Ils se présentent comme de petits poils fins, striés rouge et blanc, au fond des plis de la caillette (cf. photos ci-dessous). La muqueuse de la caillette peut être oedématiée (gonflement et épaississement) et présenter des petites lésions rouges.
Prévention
La prévention du parasitisme gastro-intestinal des petits ruminants passe avant tout par une gestion des pâturage rigoureuse. Chaque exploitation présente une situation différente au regard des rotations de pâturage possible. Aussi, les règles présentées ci-dessous devront être adaptées à chaque cas.
Règles idéales pour limiter les réinfestaitons:
- Ne pas laisser le troupeau plus de 5 jours de suite sur une même parcelle. Pour les grandes parcelles pâturées au fil, il faut penser à mettre un fil derrière le troupeau.
- Attendre au moins 6 semaines entre deux passages sur une même parcelle. L'idéal serait de ne pas faire pâturer deux fois la même parcelle dans une saison.
- Eviter le surpâturage : hauteur d’herbe supérieure à 5 cm, surtout au printemps.
- Faire pâturer les jeunes (antennaises, chevrettes) sur les pâtures saines.
- Privilégier le pâturage mixte (chevaux, ânes, bovins, …).
Par ailleurs, diverses actions complémentaires sont à mettre en oeuvre:
- Surveiller l’état des animaux tout au long du printemps et de l’été.
- Réaliser une à deux coproscopies durant la période de pâturage.
- Utiliser des aliments riches en tanin : sainfoin, pâturage sous chênes, châtaigniers.
- Administrer des extraits de plantes riches en tanins (ronces, noyer, etc.) ou à propriétés vermifuges (absinthe, ail, tanaisie, etc.).