Maladies
Les avortements
Les avortements représentent une affection majeure en élevage de ruminants, particulièrement chez les brebis et les chèvres. Ils peuvent être source d'une importante perte économique et représentent un sujet de préoccupation en matière de santé publique à cause des maladies abortives transmissibles à l'homme.
Connaître
une définition légale
Du fait que la brucellose, infection transmissible à l'homme, fut longtemps la principale maladie abortive des ruminants, il existe une définition légale des avortements:
Avortement : avortement infectieux avec expulsion d'un fœtus ou d'un animal mort-né ou succombant dans les douze heures suivant la naissance, à l'exclusion des avortements d'origine manifestement accidentelle. (Art.2 - Arrêté du 10 octobre 2013).
Chez les bovins, on distingue la mortalité embryonnaire (dans les 45 premiers jours de la gestation) des avortements (après 45 jours de gestation). Chez les petits ruminants, il est souvent difficile de mettre en évidence la mortalité embryonnaire.
Des causes multiples et variées
Les causes responsables des avortements sont très diverses et nombreuses. La liste ci-dessous ne prétend par à l'exhaustivité mais vise d'abord à mettre en évidence les principales causes:
- Causes mécaniques: coup, choc, chute, etc -> avortements sporadiques sauf si beaucoup d'animaux subissent ces causes.
- Stress: attaque par le loup, transport dans de mauvaises conditions, restriction hydrique, etc.
- Causes alimentaires et métaboliques: déséquilibre alimentaire (excès azoté), toxémie de gestation, ...
- Cause infectieuses: Brucellose, Fièvre Q, Chlamydiose, Toxoplasmose, Salmonellose, pour les affections les plus courantes. Il existe aussi des causes infectieuses non spécifiques: toute infection entraînant une forte fièvre est susceptible de provoquer un avortement.
- Causes médicamenteuses: traitement par des antiinflammatoires stéroîdiens (corticoïdes) dans le dernier tiers de la gestation.
Des maladies transmissibles à l'homme
L'importance des avortement en élevage tient aussi au risque de contamination à l'homme: la brucellose et la fièvre Q sont les premières concernées (et dans une moindre mesure la salmonellose et la listériose)
La brucellose
La France est officiellement indemne de brucellose mais a tout de même connu 2 foyers en 2013. Le risque existe donc toujours de voir réapparaître des avortements brucelliques en lien avec le déplacement d'animaux venant de zones infectées. Chez les humains, la brucellose est une maladie d’expression très polymorphe (« maladie aux cent visages ») de longue durée et évoluant par poussées successives. La transmission se fait par contact avec les animaux qui avortent et par consommation de lait cru ou de fromage au lait cru issus d'animaux infectés.
La Fièvre Q
C'est une maladie assez répandu dont la contamination se fait généralement par voie respiratoire (poussières de bergerie, de fumier, ...). Dans la majorité des cas, elle est responsable d'un syndrôme grippal bénin, qui se complique parfois en pneumonie. Elle est grave pour les femmes enceintes chez lesquelles elle entraînent une fausse-couche ou un accouchement prématuré. Chez les personnes atteintes de valvulopathie, elle provoque une endocardite généralement mortelle.
Diagnostiquer
Que faire face à des avortements?
Combien d'avortements?
Il est normal d'observer quelques avortements dans un troupeau quand les animaux arrivent en fin de gestation. On considère qu'en dessous de 5%, il ne s'agit pas d'une anomalie. Face à un avortement dont la cause est connue (coup de corne, toxémie de gestation, injection de corticoïdes, ...) il n'y a pas de raison de s'affoler. A l'inverse, si l'on observe plus de trois avortements dans le même semaine sur un troupeau de petits ruminants, il est indispensable d'essayer d'en connaître la cause.
Quelles maladies rechercher ?
Comme il est impossible de connaître la cause d'un avortement par la simple observation du fœtus ou de la mère, cette recherche passe par des analyses de laboratoire. De plus, d'un point de vue réglementaire, il est obligatoire de faire venir son vétérinaire sanitaire pour procéder à une recherche de brucellose par prise de sang (tous les frais correspondant sont pris en charge par l'Etat dans le cadre de la lutte contre la brucellose). En même temps, il est utile de rechercher la présence de Fièvre Q, de Chlamydiose et de Toxoplasmose, cette recherche se fait généralement par PCR (Polymerase Chains Reactor: analyse qui met en évidence le germe en cause) sur des écouvillons vaginaux associée parfois à des dosage d'anticorps par prise de sang. Si cette recherche est négative, il est possible de poursuivre les investigations en recherchant d'autres maladies (listériose, salomellose, ...).
Corriger des erreurs éventuelles
Parallèlement à ces recherches de laboratoire, il est indispensable de vérifier l'équilibre de la ration, les conditions de conservation et de distribution des aliments ainsi que la situation générale du troupeau (logement, hygiène, parasitisme, etc.).
On ne trouve pas toujours...!
Il faut savoir cependant que, en dépit de la puissance des analyses actuelles, il y a de nombreux cas d'avortements qui ne sont jamais élucidés.
Prévention
Attention aux mélanges d'animaux, aux introductions, ...
Les mélanges d'animaux originaires de troupeaux différents favorisent le passage des maladies d'un animal excréteur à un animal sensible. Pour éviter l'apparition d'avortement dans son troupeau, il faut éviter d'y faire entrer des animaux (mâles reproducteurs, agnelles ou chevrettes) au statut sanitaire inconnu. C'est particulièrement vrai pour la chlamydiose (et la brucellose). A l'inverse, le germe responsable de la fièvre Q (Coxiella burnetii) est très résistant dans le milieu extérieur et peut-être amené dans un élevage par des supports inanimés (camion, vent, etc.)
Des vaccinations possibles
Pour des élevages particulièrement exposés, il est possible de vacciner le cheptel de renouvellement contre la fièvre Q ou la Chlamydiose.
Des mères chattes dans la bergerie !
Les jeunes chatons sont excréteurs de toxoplasmes pendant une courte durée de leur vie. Si les agnelles ou les chevrettes sont en contact régulier avec des portées de chats, elles s'immunisent de façon durable et ne présenteront pas d'avortement à toxoplasmose une fois adultes.
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Il n'y a pas de remède en soit pour un avortement. Cependant, en cas d'avortements infectieux (Fièvre Q, Chlamydiose, Toxoplasmose), il faut tenter d'arrêter les avortements avant qu'ils ne touchent l'ensemble des animaux. Les traitements conventionnels font recours aux antibiotiques. Pour l'éleveur qui ne le souhaite pas, il est possible de faire de l'isothérapie. Celle-ci permet souvent mais pas systématiquement, un arrêt des avortements
L'isothérapie est une méthode qui consiste à préparer une teinture-mère à partir de produits organiques prélevés sur l'animal malade (lait en cas de mammite, urine en cas d'infection générale, glaires vaginales dans les cas des avortements. Avec cette teinture-mère, on réalise ensuite des dilutions homéopathiques jusqu'à 5CH, 15CH, voire 30CH.
Concrètement, il faut réaliser un écouvillon vaginal. Le mettre à tremper pendant 48h dans un mélange équivolume d'eau et d'alcool à 90° (ou dans de l'alcool de fruit pur si on n'a pas d'alcool à 90°).
Au bout de 48h, il mettre 1 ml de la teinture-mère dans 90 ml d'eau (eau de source ou eau minérale), puis taper 20 fois le flacon contre de la paume de sa main our redynamiser. On obtient ainsi une 1 CH. En reprenant 1 ml de la 1 CH et en procédant de la même façon, on réalise une 2 CH.
Il faut ensuite recommencer 13 fois pour aboutir à une 15CH.
Cette solution est ensuite distribuée à l'ensemble du troupeau jusqu'à arrêt des avortements.
La coccidiose des jeunes ruminants
Une maladie fréquente d'intensité variable
Connaître
La coccidiose est un parasite microscopique du tube digestif qui provoque chez les jeunes ruminants des symptômes très variés. On peut observer des diarrhées qui sont parfois sanglantes. Mais la coccidiose peut se traduire simplement par un mauvais état général : croissance ralentie, laine ou poils piqués, cassants, gros ventre, maigreur.
La coccidiose entraîne parfois la mort.
Les jeunes se contaminent dans le milieu ambiant dès la naissance, mais la maladie ne s’exprime qu’à partir de l’âge de 3 semaines – 1 mois car le développement du parasite est lent. Puis la maladie peut apparaître à chaque perturbation de la flore intestinale et notamment au moment du sevrage.
Les chevrettes peuvent présenter des signes modérés (mauvais poil, maigreur) jusqu’à la fin de leur première gestation.
Les adultes sont porteurs sains c'est-à-dire qu'ils ne présentent jamais de signes de la maladie mais sont susceptibles de contaminer les chevreaux.
La coccidiose est aussi une maladie des volailles et des lapins mais il n’y a pas de contamination croisée.
Les facteurs favorisants de la coccidiose sont les suivants :
- Alimentation des mères: excès de matière grasse, excès d’azote.
- Alimentation des cabris: mauvaise qualité du lait (en poudre), mauvaises conditions de distribution (concentration, température).
- Bâtiments: ambiance chaude, humide. Absence de désinfection.
- Carences en vitamines et oligo-éléments des mères et des jeunes.
Diagnostiquer
La coccidiose doit être suspectée lors de tout signe (arrêt de croissance, maigreur, mauvais poil/laine, diarrhée, mortalité) intervenant : A l’âge de 3 semaines – 1 mois. Au sevrage. Généralement lors de tout changement alimentaire. La confirmation peut se faire par une coproscopie au laboratoire à condition que les fèces ne soient pas trop liquides. Le résultat est positif s’il y a plusieurs dizaines de milliers d’oocystes par gramme de fèces. Les coproscopies sur les chèvres adultes montrent fréquemment cinq à six milles oocystes par gramme sans que cela ne soit signe de maladie.
Prévention
Le niveau de prévention est à adapter à chaque élevage en fonction de l’importance passée de la coccidiose. Dans certains élevages, aucune action particulière n'est à mettre en oeuvre. Ailleurs, il est nécessaire de pratiquer une prévention de base de la façon suivante: Vinaigre de cidre dans l’eau de boisson (3 à 7%). Argile en libre-service dès le plus jeune âge. Si cela s'avère insuffisant, il est possible d'utiliser au choix: Des extraits de plantes en tisane Des blocs à lécher à fabriquer soi-même Des teintures-mères à mettre dans le lait pendant la période à risque
Toxémie de gestation
La toxémie de gestation est une maladie métabolique qui affecte les brebis et les chèvres en fin de gestation. Consécutive à une erreur dans la conduite de l'alimentation , elle se traduit par une impossibilité pour l'animal de se tenir debout. L'évolution naturelle se fait généralement vers les convulsions, le comas et la mort.
Connaître
La toxémie de gestation est l'expression d'une hypoglycémie avec accumulation de corps cétoniques.
En fin de gestation, l'appetit d'une brebis ou d'une chèvre est limité par l'encombrement de l'utérus dans l'abdomen, particulièrement en cas de doubles ou de triplés. Cette baisse d'appétit est d'autant plus marquée que l'animal avait un état d'engraissement trop important en début de gestation.
Comme l'apport énergétique par les aliments est insuffisant, l'animal va mobiliser ses graisses corporelles. Mais cette mobilisation, si elle est trop intense, entraîne des désordres métaboliques qui se traduisent de la façon suivante:
- Surcharge graisseuse du foie qui n'arrive pas à transformer tous les triglycérides issus de la mobilisation des graisses
- Accumulation de corps cétoniques car la chaîne de fabrication du glucose à partir des graisses mobilisées est rompue.
- Et donc, chute du taux de glucose dans le sang.
Cette hypoglycémie entraîne une faiblesse qui empêche l'animal de se lever. Au fur et à mesure qu'elle s'aggrave vont apparaître des symptômes nerveux (convulsions) puis la mort.
A l'autopsie, on observera un foie surchargé en graisses: aspect "foie gras" tirant vers le jaune, friable à la pression.
Les vaches ne connaissent pas les toxémies de gestation avant mise-bas, mais par contre, les fortes laitières (comme les chèvres) sont exposées à une acétonémie post-partum (c'est-à-dire dans les 30 premiers jours qui suivent le vêlage. Les symptômes et lésions sont à peu près les mêmes: faiblesse, vache couchée, mort possible, surcharge graisseuse du foie.
Diagnostiquer
Le diagnostic de la toxémie de gestation est relativement simple et prend en compte les éléments suivants:
- Fin de gestation
- Brebis ou chèvre couchée sans cause apparente (fractures, piétain, suite de chocs, ...)
- Absence de fièvre (c'est-à-dire température inférieure à 39.5°C)
Plus des éléments aggravants:
- Gestation avec doubles ou triplés (échographie préalable).
- Amaigrissement récent.
- Fourrage trop grossier.
Mais il faut faire la différence avec:
- Une maladie infectieuse aigue (mais dans ce cas là il y de la fièvre)
- Un accident, choc, bagarre (mais ce n'est pas toujours facile à savoir)
- Une forte infestation parasitaire par un strongle de la caillette (mais dans ce cas, les muqueuses de l'oeil et de la bouche sont blanches)
Il faut aussi penser à une éventuelle toxémie de gestation secondaire: par exemple, une brebis avec des problèmes de dents qui l'empèchent de manger suffisamment.
Prévention
La prévention des toxémies de gestation passe par une conduite adéqate du troupeau durant la gestation:
- A la mise à la lutte, les brebis ou les chèvres ne doivent pas être trop grasses (Note d'Etat Corporel entre 2,5 et 3 à la lutte)
- Six semaines avant la mise-bas, il faut donner un foin plutôt appétent, pas trop grossier et commencer la complémentation par un concentré (céréale de type orge, à raison de 50 à 100 g/j ). Le concentré devra être augmenté progressivement jusqu'à la mise-bas.
- Maintenir une possibilité d'exercice pour les animaux.
- Soigner si besoin les boiteries (piétain, onglons trop longs) qui limitent le déplacement des animaux.
Sur des animaux à risque (suspicion de doubles ou triplés, amaigrissement notable, etc.) faire un drainage hépatique et rénal et un apport de sirop fortifiant.
Autour de la mise-bas
La période qui entoure la mise-bas est la plus propice à l'apparition de maladies diverses. Par des actions de prévention touchant aussi bien à l'alimentation, aux conditions de logements et au respect d'une hygiène minimale, il est possible d'éviter la plupart des pathologies pré ou post natales.
Connaître
De la fin de gestation à l'élevage du jeune
La période qui entoure la mise-bas est le période la plus propice à l'apparition de pathologies car les mères sont très sollicitées et les jeunes sont plus sensibles que tout autre animal aux différentes maladies.
Avant les mises-bas, prendre soin des mères
Une alimentation adaptée aux besoins
Dans le dernier mois de gestation, les besoins alimentaires de chèvres et de brebis augmentent, d'autant plus si elles portent des doubles ou des triples, alors que parallèlement leur appétit décroît (à cause de la prise de place par l'utérus dans l'abdomen). Il est donc indispensable d'apporter une alimentation suffisamment riche (foin pas trop grossier + céréale) afin d'éviter une toxémie de gestation. Par ailleurs les besoins en vitamines et oligoéléments sont plus importants à cette période. C'est particulièrement vrai pour les vitamines lorsque les mises-bas se déroulent en fin d'hiver.
Une prévention des prolapsus
- (Crédit et copyright photo: C FRANCOIS)
Il arrive parfois que certaines brebis ou chèvres présentent des prolapsus vaginaux dans le dernier mois de gestation. Ce phénomène est d'origine mutlifactorielle. Il se produit par un effet mécanique dû au poids de l'utérus. Cet effet mécanique est favorisé si les animaux sont obligés de mettre les pattes avant sur un trottoir surélevé pour atteindre les mangeoires. C'est fréquemment le cas quand la bergerie est curée peu de temps avant les mises-bas.
Diverses carences (magnésium, sélénium, zinc) représentent des facteurs favorisants.
A la mise-bas: patience et attention
(Photo et article Institut de l''Elevage)
Evidemment dans la majorité des cas, la mise-bas se déroule sans problème. Il est inutile d'intervenir trop, trop tôt ou trop systématiquement. Si il est nécessaire d'intervenir, il est indispensable de le faire avec des mains propres et largements lubrifiées. Après la délivrance l'introduction d'un oblet aromatique permet d'éviter les infections de l'utérus favorisées par l'intervention.
La tétée du colostrum (100ml/kg) dans les quatre premières heures est indispensable car elle permet à l'agneau ou au chevreau de se défendre contre les risques infectieux, particulièrement les diarrhées. La photo ci-contre montre deux agneaux nouveaux-nés: celui de gauche a bu du colostrum et pas celui de droite.
Un soin particulier doit être apporté aux doubles car souvent l'un des deux peut avoir du mal à survivre.
La désinfection du cordon ombilical est un acte nécessaire pour éviter de futures infections au nombril, voire aux articutations.
L'agneau ou le chevreau qui vient de naître à des réserves énergétiques limités. Il peut être sensible au froid, aux courants d'air. S'il ne tête régulièrement, il s'affaiblit rapidement.
Diagnostiquer
D'une manière générale, le diagnostic des affections citées plus haut ne pose pas de problème particulier:
Pour la toxémie de gestation, voir la fiche correspondante.
La photo à l'onglet précédent est éloquente en ce qui concerne le prolapsus vaginal. D'autres photos peuvent être consultées sur la thèse en ligne en cliquant sur ce lien.
L'infection du nombril ("gros nombril") se traduit par une augmentation de volume du reliquat de cordon ombilical qui est douloureux à la pression. Quand un agneau ou un chevreau de moins de quinze jours refuse de têter, il est indispensable de vérifier qu'il n'a pas une infection du nombril. La douleur qu'elle provoque explique à elle seule ce refus.
Prévention
Préparation à la mise-bas:
Les conseils suivants sont à moduler selon les élevages, leur localisation, la ration de base et les périodes de mise-bas:
- Apport de magnésium (sous forme de chlorure soluble dans l'eau ou d'oxyde en poudre): il a pour rôle de renforcer les défenses immunitaires et de favoriser la contractibilité de l'utérus lors de la mise-bas. Il faut compter une cure de 5 g par brebis ou chèvre par jour dans le dernier mois de gestation.
- Apport de vitamines AD3E (sous forme d'huile de poisson ou de vitamines de synthèse): Cet apport se fait par une cure de 5 jours dans le dernier mois de gestation avec des doses qui varient selon la présentation utilisée (se référer à l'étiquette).
- Apport de sélénium (sous forme de sélénite de sodium en liquide associé à de la vitamine E ou en semoulette): le sélénium est un anti-oxydant qui joue un rôle dans les défenses immunitaires. En outre, il permet la prévention de la carence chez le jeune ("raide" de l'agneau ou syndrôme du "chevreau mou").
Soins au nouveau-né
- Litière propre, sèche, protection contre les intempéries. En brebis allaitante, mise en case (1,5 m2 minimum) pendant 24 à 48h, surtout pour les doubles.
- Têtée du colostrum (200 ml/kg les 12 premières heures dont au moins 100 ml les 4 premières heures). Utiliser du colostrum congelé si besoin.
- Désinfection du nombril: hydrolat de lavande, produit iodé, teinture-mère de calendula
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En homéopathie :
SEPIA : traitement des prolpsus vaginaux
ACTEA RACEMOSA : non-délivrance
Les mammites
Une mammite est une infection de la mamelle.
C'est une des principales maladies des ruminants laitiers. Elle n'affecte en général qu'un seul quartier et si elle n'est pas traitée à temps, elle se traduit le plus souvent par la perte de ce quartier, et dans certains cas, par la mort de l'animal.
Connaître
Qu'est-ce que les mammites ?
Quelques définitions:
On distingue:
- Les mammites cliniques : modification du lait et de la mamelle
- les mammites subcliniques : lait normal mais augmentation du nombre de cellules (>400000 chez la vache, 750000 chez la brebis et la chèvre) associée souvent à une baisse de la production.
- les mammites avec agalactie (= pis de bois) : mammites cliniques souvent liées au CAEV chez la chèvre, à la Visna-Maedi ou au mycoplasme chez la brebis. Elles se traduisent par une absence de lait dans une mamelle qui reste relativement grosse et dure.
- Les mammites gangreneuses : mammites cliniques dues à un staphylocoque qui provoquent une nécrose du quartier plus ou moins étendue (cf. photo) et souvent mortelles.
Les congestions mammaires ne sont pas des mammites: elles se caractérisent par un pis gonflé, dur, parfois un peu douloureux mais qui contient du lait normal. Les congestions mammaires sont fréquemment provoquées par un excès alimentaire en fin de gestation (ration à base de luzerne ou pâturage au début de croissance d'herbe par exemple). En début de lactation, il est possible d'observer du sang dans le lait ou un lait rosé. Il ne s'agit pas forcément d'une mammite s'il n'y a pas de grumeaux dans le lait et que la mamelle est normale. Ce phénomène disparaît au bout de quelques jours. Il peut être favorisé par une congestion mammaire ou des carences minérales.
Des affections multifactorielles...
Les mammites sont des maladies dont l 'apparition est favorisée par l'association de plusieurs causes :
- Alimentation : excès azotés, acidose du rumen, carences en vitamines et oligoéléments.
- Traite : réglage défectueux de la machine à traire et mauvaise hygiène de traite.
- Bâtiments : surpeuplement, mauvaise ventilation, etc.
- Présence d'animaux infectées chroniques dans le troupeau (pis déséquilbrés, animaux à cellules).
Provoquées par quelques pathogènes majeurs :
- Vaches: staphylocoque, streptocoques, colibacilles, ...
- Chèvres:
- staphylocoque
- CAEV (en association avec de l’arthrite le plus fréquemment)
- Mycoplasme (avec arthrite chez les jeunes et pleuro-pneumonies)
- Brebis: Staphylocoques, VISNA-MAEDI et Mycoplasme (agalactie contagieuse)
- Les mammites sub-cliniques sont fréquemment provoquées par des germes appelés "pathogènes mineurs" tels que le Staphylocoque coagulase négative (parfois appelé Staphylocoque non aureus). En ce qui concerne les staphylocoques, la contamination se fait toujours par le trayon à l’occasion de la traite.
Diagnostiquer
reconnaître une mammite
Mammites cliniques :
Il y a toujours des symptômes locaux : - Mamelle chaude, dure, rouge - Lait modifié : grumeaux, aspect aqueux. Et parfois des symptômes généraux : - Fièvre, manque d’appétit, abattement voire prostration
Cas de mammites gangréneuses :
Apparition d’une zone bleue à noire sur la mamelle, froide au toucher et qui envahit progressivement toute la mamelle. Si la chèvre survit, la partie gangrénée du quartier se détache et le reste cicatrise lentement.
Mammites subcliniques :
Un des premiers signe de mammite subclinique est l'asymétrie de la mamelle: on parle de "pis déséquilibré" (cf. photo ci-contre).
Par ailleurs une augmentation du taux cellulaire peut être observée sur le lait de tank (analyse par le ramasseur) ou d'un point de vue individuel avec les résultats du contrôle laitier.
L'éleveur peut lui-même pratiquer le CMT (test au teepol) afin de dépister quels animaux sont atteints.
On constate sur la photo ci-contre, qu'un résultat négatif (à gauche de la photo) se traduit par une couleur rosée et un mélange totalement liquide.
A l'inverse, quand c'est positif (à droite de la photo), la couleur est violette et surtout, il se forme un gel consistant qui s'écoule lentement lorsque l'on penche le plateau.
Prévention
La prévention est fondamentale
Mesures générales :
Réglage régulier de la machine à traire par une personne compétente. Hygiène de la traite. Alimentation équilibrée. Réforme des chèvres infectées chroniques Bâtiment correctement aéré, sans courant d’airs, avec une litière sèche.
Mesures plus spécifiques
En cas de problèmes récurrents de « cellules » (= taux important de mammites sub-cliniques) :
Regrouper toutes les animaux à cellules dans un lot à traire en dernier. Traire les primipares en premier. Faire du trempage de trayon après la traite. Avoir une politique de réforme des chèvres à cellules plus drastique. Dans les situations graves, il sera peut-être nécessaire de traiter au tarissement soit avec des antibiotiques soit avec des huiles essentielles.
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Traiter les mammites en PHYTO-AROMA
Pour avoir une chance de guérir une mammite, il est indispensable d'intervenir le plus tôt possible. Il faut être conscient que toutes les mammites, particulièrement en petits ruminants, ne sont pas guérissables.
Le principal traitement alternatif se fait par application d'un baume aux huiles essentielles à raison d'une application matin et soir jusqu'à guérison.
Il est conseillé d'y associer un drainage hépatique et rénal par voie orale pendant la durée du traitement. Si l'animal est rès abattu et présent de la fièvre, il faudra y associer un traitement anti-infectieux à base d'huiles essentielles par voie orale.
En cas d'absence d'amélioration après utilisation du baume, il peut être nécessaire d'avoir recours aux antibiotiques.
Le traitement des mammites gangréneuses est illusoire.
Les plaies
Une plaie blessure est une effraction plus ou moins profonde et plus ou moins étendue de la peau et des tissus sous-jacents. C'est un accident fréquent en élevage.
Connaître
La peau un organe protecteur
La peau (provenant du latin pellis) est un organe composé de plusieurs couches de tissus. Elle est la première barrière de protection de l'organisme des animaux vertébrés.
Elle est composée de trois couches:
- L'épiderme constitué principalement de cellules kératinisées et qui donne à la peau sa résistance et sa couleur.
- Le derme, plus épais: il est vascularisé et nourrit l'épiderme. Il joue un rôle dans l'immunité, la thermo-régulation, la cicatrisation et l'excrétion de produits toxiques par l'urée de la sueur.
- L'hypoderme est un tissu conjonctif lâche qui rattache la peau aux muscles sous-jacents. Il peut contenir des cellules graisseuses. Il protège l'organisme contre les coups.
D'abord... le sang
Toute plaie un peu profonde se traduit par une hémorragie due à la rupture des artères de la peau et parfois des artères plus profondes. En générale, ces hémorragies sont d'importance limitées et s'interrompent par les processus naturels de réaction de l'organisme appelé hémostase. Mais si la blessure est suffisamment profonde pour atteindre une veine ou une artère de section plus importante (veine mammaire, arètre fémorale à l'intérieur de la cuisse, etc.), l'hémorragie peut être importante voire mortelle.
Puis l'infection
Une blessure est une porte d'entrée des germes qui se traduira par une infection locale ou plus générale si la plaie reste souillée ou si elle est anfractueuse. Cette infection locale se traduira par un gonflement douloureux de la plaie et parfois une suppuration. Souvent le ganglion associé à la zone infectée grossira de volume et sera sensible. Dans certains cas, cette infection peut provoquer des symptômes généraux (Tétanos) ou des infections dans d'autres parties du corps (arthrites des agneaux consécutives à une infection de la plaie provoquée par la boucle).
La peau dispose néanmoins de moyens de défense immunitaire qui permettent une cicatrisation pour des plaies propres.
Et enfin la cicatrisation
La cicatrisation est un phénomène naturel de reconstruction d'une zone lésée. En ce qui concerne la peau, il s'agira d'éliminer les lésions pour les remplacer par des cellules saines. Si la plaie est d'ampleur limitée et que les bords de la blessure restent jointifs, la prolifération de cellule conduira en 5 à 10 jours à une cicatrisation par première intention.
A l'inverse si les bords de la plaie sont écartés ou si l'abrasement de la peau est important, la cicatrisation sera plus longue car les cellules devront être reconstituées par la base de la peau. On parle alors de cicatrisation par seconde intention.
Diagnostiquer
Le diagnostic d'une plaie ne pose pas de problème. Néanmoins, il convient de faire un rapide état des lieux:
En cas d'hémorragie importante, il faut vérifier qu'une artère importante ne soit pas atteinte. Dans ce cas, il faut faire une compression sur la plaie pour limiter l'hémorragie et éventuellement faire faire suturer l'artère par un vétérinaire.
Plaie profonde : si les muscles ou tendons sous-jacents sont atteints, il peut être indispensable de faire faire suturer la plaie et d'administrer un remède anti-infectieux par voie générale.
Plaie longue: de même, en cas de déchirure du cuir ou de la peau sur une longueur telle que la plaie est béante (les muscles sous-jacents sont visibles), la pose de points de suture permettra une cicatrisation rapide.
Pour qu'une plaie puisse être suturée et que la cicatrisation se fasse dans les meilleures conditions, il est nécessaire que la pose des points se fasse rapidement (dans les heures qui suivent l'accident). Au bout de 24 h, les bords de la plaie sèchent et ne peuvent plus être suturés tels quels.
Car particulier de la mamelle: les plaies de la mamelle sont fréquentes chez la chèvre et sont à prendre au sérieux. Si la plaie est superficielle, sans écoulement de lait, elle peut être soignée simplement (spray cicatrisant, baume, etc.). Par contre, s'il y a un écoulement du lait, il est nécessaire de faire suturer la plaie et de faire un traitement anti-infectieux pour éviter l'apparition d'une mammite.
Les plaies du trayon sont elles aussi assez préoccupantes pendant la lactation, car la cicatrisation est rendue difficile par la traite qui perturbe le processus de cicatrisation.
Prévention
Les blessures sur les animaux d'élevage restent le plus souvent des accidents imprévisibles.
Néanmoins, il est possible de limiter les risques par différentes pratiques adaptées:
- En élevage de chèvres de nombreuses blessures sont dues à des coups de corne. Les chèvres se battent pour créer et maintenir la hiérarchie dans le troupeau. Des modifications dans les lots, l'introduction d'une chèvre dans un groupe déjà existant, constituent de causes fréquentes de bagarre. De même, une superficie insiffisante au regard du nombre d'animaux favorise les conflits entre les chèvres.
- En bâtiment, il convient de faire attention à tous les risques de coupure: clous saillants dans la mangeoires ou cornadis en bois, boulon sur les cornadis métalliques, ... L'élimination de tous ces risques permettra en plus de limiter les cas d'abcès caséeux.
- Au pâturage, il faut protéger, dans la mesure du possible, les animaux des objets, plus ou moins abondonnés qui peuvent être cause de blessure: toles ondulées, épaves de machine agricole, ...
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Un spray aux huiles essentielles est particulièrement efficace sur les blessures peu profondes, même étendues.
Si la plaie est plus profonde, il sera préférable d'utiliser un baume aux huiles essentielles qui est aussi utile pour maintenir une plaie désinfectée et favoriser la cicatrisation. Ce baume de soin aux mamelles est aussi très efficace sur les crevasses ("gâle" de boue).
Le parasitisme interne de caprins et ovins
Les strongles gastro-intestinaux des petits ruminants
Les strongles gastro-intestinaux sont les parasites les plus répandus et les plus problèmatiques chez les petits-ruminants.
Dotés d'un cycle assez simple, sans hôte intermédiaire, ils infestent systématiquement les animaux au pâturage.
Connaître
Un cycle simple
Les strongles gastro-intestinaux sont de minuscules vers ronds, visibles à l'oeil nu et qui colonisent la caillette, l'intestin grêle ou le gros intestin des ruminants. Ils possèdent un cycle simple: les adultes, présents dans le tube digestif, pondent des oeufs qui, une fois sur le sol, donnent naissance à des larves. Celles-ci se métamorphosent deux fois et donnent des larves L3 infestantes. La brebis ou la chèvre avale L3 en broutant l'herbe. Une fois dans le tube digestif, L3 pénètre dans la muqueuse, se métamorphose encore deux fois pour donner à la fin un nouvel adulte qui sort de la muqueuse. Dans de bonnes conditions (chaleur et humidité), il faut environ trois semaines pour boucler le cycle. Dans le milieu extérieur, les larves sont capables de résister plusieurs mois, même si nombre d'entre elles sont détruites par les rayon UV l'été et par le froid l'hiver. A l'automne, un certain nombre de larves, présentes dans la muqueuse du tube digestif arrêtent leur développement qui reprendra au printemps. Ce phénomène explique que l'on peut observer des signes de parasitisme au printemps avant même la mise à l'herbe.
Des parasites différents
Certains strongles sont localisés dans la caillette: il s'agit notamment d'Haemonchus contortus. C'est un parasite hématophage, c'est-a-dire qu'il se nourrit de sang. Avec ses crochets, il incise la muqueuse de la caillette et consomme une partie du sang qui s'échappe de la plaie. On considère qu'un seul haemonchus entraîne la perte de 2 ml de sang par jour ! Haemonchus est responsable d'anémies sévères chez les petits ruminants avec parfois des mortalités brutales sans symptôme annonciateur. Teladorsagia est un autre parasite de la caillette mais qui n'est pas hématophage. Il est responsable d'amaigrissement et de baisse de production. Trichuris est présent dans le caecum et peut provoquer des diarrhées, parfois sévères. Il existe bien d'autres espèces de strongles gastro-intestinaux.
Une affection de pâturage
A une exception près, c'est au pâturage que les animaux s'infestent. Au printemps, quand il fait suffisamment chaud et encore humide les conditions sont très favorables pour les parasites. Les jeunes animaux s'infestent fortement et on peut voir apparaître les premiers symptômes à partir du mois de juin. Durant les mois de juillet et août, la sécheresse et l'herbe rase rendent les conditions de survie des larves plus précaires, hormis pour Haemonchus qui est un parasite adapté aux milieux chauds. L'automne, particulièrement s'il est doux et pluvieux favorise une reprise du cycle parasitaire.
A chacun ses parasites
Toutes les espèces herbivores ont des strongles gastro-intestinaux mais ceux-ci sont spécifiques. C'est-à-dire que les brebis et les chèvres ne sont pas infestées par les strongles des bovins ou ceux des chevaux. Et vice-versa. Cela a pour conséquence que le pâturage mixte (association ovins-bovins par exemple, ensemble ou successivement) diminue la quantité de larves infestantes.
Diagnostiquer
Les symptômes du parasitisme liés aux strongles gastro-intestinaux peuvent être très variables : baisse de production. mauvais état général, poil piqué, laine cassante, maigreur sans relation avec l’alimentation. Diarrhées chroniques ou parfois diarrhées graves (notamment caprins). Le parasitisme apparaît pendant la saison de pâturage même si ces symptômes peuvent se manifester après la rentrée en bergerie, notamment à l’occasion de la mise-bas. Dans un troupeau, le niveau d’infestation est très variable et les animaux les plus touchés sont en général les jeunes (agneaux sous la mère, agnelles et chevrettes) ainsi que les plus grosses laitières. La coproscopie (examen des fèces) est un élément important du diagnostic.
A l'autopsie, on peut observer les Haemonchus adultes dans la caillette. Ils se présentent comme de petits poils fins, striés rouge et blanc, au fond des plis de la caillette (cf. photos ci-dessous). La muqueuse de la caillette peut être oedématiée (gonflement et épaississement) et présenter des petites lésions rouges.
Prévention
La prévention du parasitisme gastro-intestinal des petits ruminants passe avant tout par une gestion des pâturage rigoureuse. Chaque exploitation présente une situation différente au regard des rotations de pâturage possible. Aussi, les règles présentées ci-dessous devront être adaptées à chaque cas.
Règles idéales pour limiter les réinfestaitons:
- Ne pas laisser le troupeau plus de 5 jours de suite sur une même parcelle. Pour les grandes parcelles pâturées au fil, il faut penser à mettre un fil derrière le troupeau.
- Attendre au moins 6 semaines entre deux passages sur une même parcelle. L'idéal serait de ne pas faire pâturer deux fois la même parcelle dans une saison.
- Eviter le surpâturage : hauteur d’herbe supérieure à 5 cm, surtout au printemps.
- Faire pâturer les jeunes (antennaises, chevrettes) sur les pâtures saines.
- Privilégier le pâturage mixte (chevaux, ânes, bovins, …).
Par ailleurs, diverses actions complémentaires sont à mettre en oeuvre:
- Surveiller l’état des animaux tout au long du printemps et de l’été.
- Réaliser une à deux coproscopies durant la période de pâturage.
- Utiliser des aliments riches en tanin : sainfoin, pâturage sous chênes, châtaigniers.
- Administrer des extraits de plantes riches en tanins (ronces, noyer, etc.) ou à propriétés vermifuges (absinthe, ail, tanaisie, etc.).