Les avortements
Les avortements représentent une affection majeure en élevage de ruminants, particulièrement chez les brebis et les chèvres. Ils peuvent être source d'une importante perte économique et représentent un sujet de préoccupation en matière de santé publique à cause des maladies abortives transmissibles à l'homme.
Cependant, les avortements, notamment lorsqu'ils sont sporadiques, peuvent aussi être des événements ponctuels sans impact majeur sur le troupeau.
Face à l'apparition d'avortements dans un élevage, il convient donc de réagir ni trop tôt, ni trop tard.
Connaître
une définition légale
Du fait que la brucellose, infection transmissible à l'homme, fut longtemps la principale maladie abortive des ruminants, il existe une définition légale des avortements:
Avortement : avortement infectieux avec expulsion d'un fœtus ou d'un animal mort-né ou succombant dans les douze heures suivant la naissance, à l'exclusion des avortements d'origine manifestement accidentelle. (Art.2 - Arrêté du 10 octobre 2013).
Chez les bovins, on distingue la mortalité embryonnaire (dans les 45 premiers jours de la gestation) des avortements (après 45 jours de gestation). Chez les petits ruminants, il est souvent difficile de mettre en évidence la mortalité embryonnaire.
Des causes multiples et variées
Les causes responsables des avortements sont très diverses et nombreuses. La liste ci-dessous ne prétend par à l'exhaustivité mais vise d'abord à mettre en évidence les principales causes:
- Causes mécaniques: coup, choc, chute, etc -> avortements sporadiques sauf si beaucoup d'animaux subissent ces causes.
- Stress: attaque par le loup, transport dans de mauvaises conditions, restriction hydrique, etc.
- Causes alimentaires et métaboliques: déséquilibre alimentaire (excès azoté), toxémie de gestation, ...
- Cause infectieuses: Brucellose, Fièvre Q, Chlamydiose, Toxoplasmose, Salmonellose, pour les affections les plus courantes. Il existe aussi des causes infectieuses non spécifiques: toute infection entraînant une forte fièvre est susceptible de provoquer un avortement.
- Causes médicamenteuses: traitement par des antiinflammatoires stéroîdiens (corticoïdes) dans le dernier tiers de la gestation.
Des maladies transmissibles à l'homme
L'importance des avortement en élevage tient aussi au risque de contamination à l'homme: la brucellose et la fièvre Q sont les premières concernées (et dans une moindre mesure la salmonellose et la listériose)
La brucellose
La France est officiellement indemne de brucellose mais a tout de même connu 2 foyers en 2013. Le risque existe donc toujours de voir réapparaître des avortements brucelliques en lien avec le déplacement d'animaux venant de zones infectées. Chez les humains, la brucellose est une maladie d’expression très polymorphe (« maladie aux cent visages ») de longue durée et évoluant par poussées successives. La transmission se fait par contact avec les animaux qui avortent et par consommation de lait cru ou de fromage au lait cru issus d'animaux infectés.
La Fièvre Q
C'est une maladie assez répandu dont la contamination se fait généralement par voie respiratoire (poussières de bergerie, de fumier, ...). Dans la majorité des cas, elle est responsable d'un syndrôme grippal bénin, qui se complique parfois en pneumonie. Elle est grave pour les femmes enceintes chez lesquelles elle entraînent une fausse-couche ou un accouchement prématuré. Chez les personnes atteintes de valvulopathie, elle provoque une endocardite généralement mortelle.
Diagnostiquer
Que faire face à des avortements?
Combien d'avortements?
Il est normal d'observer quelques avortements dans un troupeau quand les animaux arrivent en fin de gestation. On considère qu'en dessous de 5%, il ne s'agit pas d'une anomalie. Face à un avortement dont la cause est connue (coup de corne, toxémie de gestation, injection de corticoïdes, ...) il n'y a pas de raison de s'affoler. A l'inverse, si l'on observe plus de trois avortements dans le même semaine sur un troupeau de petits ruminants, il est indispensable d'essayer d'en connaître la cause.
Quelles maladies rechercher ?
Comme il est impossible de connaître la cause d'un avortement par la simple observation du fœtus ou de la mère, cette recherche passe par des analyses de laboratoire. De plus, d'un point de vue réglementaire, il est obligatoire de faire venir son vétérinaire sanitaire pour procéder à une recherche de brucellose par prise de sang (tous les frais correspondant sont pris en charge par l'Etat dans le cadre de la lutte contre la brucellose). En même temps, il est utile de rechercher la présence de Fièvre Q, de Chlamydiose et de Toxoplasmose, cette recherche se fait généralement par PCR (Polymerase Chains Reactor: analyse qui met en évidence le germe en cause) sur des écouvillons vaginaux associée parfois à des dosage d'anticorps par prise de sang. Si cette recherche est négative, il est possible de poursuivre les investigations en recherchant d'autres maladies (listériose, salomellose, ...).
Corriger des erreurs éventuelles
Parallèlement à ces recherches de laboratoire, il est indispensable de vérifier l'équilibre de la ration, les conditions de conservation et de distribution des aliments ainsi que la situation générale du troupeau (logement, hygiène, parasitisme, etc.).
On ne trouve pas toujours...!
Il faut savoir cependant que, en dépit de la puissance des analyses actuelles, il y a de nombreux cas d'avortements qui ne sont jamais élucidés.
Prévention
Attention aux mélanges d'animaux, aux introductions, ...
Les mélanges d'animaux originaires de troupeaux différents favorisent le passage des maladies d'un animal excréteur à un animal sensible. Pour éviter l'apparition d'avortement dans son troupeau, il faut éviter d'y faire entrer des animaux (mâles reproducteurs, agnelles ou chevrettes) au statut sanitaire inconnu. C'est particulièrement vrai pour la chlamydiose (et la brucellose). A l'inverse, le germe responsable de la fièvre Q (Coxiella burnetii) est très résistant dans le milieu extérieur et peut-être amené dans un élevage par des supports inanimés (camion, vent, etc.)
Des vaccinations possibles
Pour des élevages particulièrement exposés, il est possible de vacciner le cheptel de renouvellement contre la fièvre Q ou la Chlamydiose.
Des mères chattes dans la bergerie !
Les jeunes chatons sont excréteurs de toxoplasmes pendant une courte durée de leur vie. Si les agnelles ou les chevrettes sont en contact régulier avec des portées de chats, elles s'immunisent de façon durable et ne présenteront pas d'avortement à toxoplasmose une fois adultes.
En Savoir plus
Il n'y a pas de remède en soit pour un avortement. Cependant, en cas d'avortements infectieux (Fièvre Q, Chlamydiose, Toxoplasmose), il faut tenter d'arrêter les avortements avant qu'ils ne touchent l'ensemble des animaux. Les traitements conventionnels font recours aux antibiotiques. Pour l'éleveur qui ne le souhaite pas, il est possible de faire de l'isothérapie. Celle-ci permet souvent mais pas systématiquement, un arrêt des avortements
L'isothérapie est une méthode qui consiste à préparer une teinture-mère à partir de produits organiques prélevés sur l'animal malade (lait en cas de mammite, urine en cas d'infection générale, glaires vaginales dans les cas des avortements. Avec cette teinture-mère, on réalise ensuite des dilutions homéopathiques jusqu'à 5CH, 15CH, voire 30CH.
Concrètement, il faut réaliser un écouvillon vaginal. Le mettre à tremper pendant 48h dans un mélange équivolume d'eau et d'alcool à 90° (ou dans de l'alcool de fruit pur si on n'a pas d'alcool à 90°).
Au bout de 48h, il mettre 1 ml de la teinture-mère dans 90 ml d'eau (eau de source ou eau minérale), puis taper 20 fois le flacon contre de la paume de sa main our redynamiser. On obtient ainsi une 1 CH. En reprenant 1 ml de la 1 CH et en procédant de la même façon, on réalise une 2 CH.
Il faut ensuite recommencer 13 fois pour aboutir à une 15CH.
Cette solution est ensuite distribuée à l'ensemble du troupeau jusqu'à arrêt des avortements.
TAB05
La Brucellose (fichier pdf téléchargé)
La maîtrise de la reproduction en élevage bio (projet REPROBIO)